Jérôme MICHEL

© Nicola Coppola

Devant cette série d’image de Nicola Noemi Coppola, je ne peux m’empêcher de penser à cette citation de Saint-Augustin soulevée par Pétrarque dans l’ascension du mont Ventoux « Et les hommes vont admirer les cimes des monts, les vagues de la mer, le vaste cours des fleuves, le circuit de l’Océan et le mouvement des astres et ils s’oublient eux-mêmes. »

Par cette série, ce sont ces indices d’une certaine beauté du monde que Nicola donne à voir. Des indices comme autant de mystères d’ailleurs, et d’une étrange beauté, de ces phénomènes minces, tels que les ondulations de la mer, le souffle du vent sur le ras de l’eau, délicats déplacements du visible par l’invisible. Dans une volonté de ré-enchantement du monde, entre microcosme et macrocosme, la perte d’échelle est significative et souligne une inquiétante étrangeté artificielle du naturel, où la perspective absente et la perte de repères font écho à la photographie japonaise, je pense à Tomoko Yoneda, Hiroshi Sugimoto , ou encore à Naoya Hatakeyama.

Mais l’indice laisse planer le doute, et au milieu de cette masse instable, est-ce l’ombre d’un nuage qui passe, ou bien une forme qui se meut au-dessous des flots ? Ainsi, par le Noir et blanc, le dramatique se déploie comme dans ces images à valeur de preuve sans preuve telle celle du monstre du Loch Ness, rentrée dans la mythologie d’un monde qui continue de se questionner sur sa propre existence à la rencontre d’un évènement manqué, où il ne resterait que la trace d’une chimère déjà disparue : c’est le fantôme de l’intangible que Nicola Noemi Coppola capture sur son film.


Jérome Michel,
nov. 2012